Partie III : L’intégration des personnes sourdes dans la société

Comme vu précédemment, il existe plusieurs types de surdité, qui peuvent se révéler à différents moments d’une vie et entraîner des conséquences différentes.

Tout d’abord, il y a la surdité de naissance. En France, on compte 700 enfants par an qui naissent avec une déficience auditive ou sont dépistés avant l’âge de 2 ans. Sur ce nombre de nouveaux – nés sourds qui naissent chaque année, dans 9 cas sur 10, ils se retrouvent au sein d’une famille d’entendants car la surdité n’a pas forcément un caractère héréditaire. Ainsi, ces familles qui découvrent la surdité de leur enfant vivent un choc psychologique et rencontrent des problèmes de communication avec leur nouveau né. Le déni des parents est parfois possible d’autant plus que la perte de l’audition peut être la base d’une culpabilité et d’un rejet de l’enfant dans la famille. En effet, cet handicap invisible rend impuissant les parents qui doivent surmonter et vivre avec cette gêne perpétuelle.

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Principales informations concernant la surdité

Néanmoins, les personnes malentendantes de naissance développent un sens de la perception visuelle précis, mais aussi une sensibilité très grande aux vibrations.

 

 

 

 

Ensuite, il y a la surdité qui s’est révélée au cours de la vie.

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Pourcentage de l’origine des surdités en France

– Les accidentés du travail ou non et les personnes atteintes de maladies professionnelles : Ils représentent 32 % des personnes malentendantes.

– La surdité professionnelle : On considère que 27 % de travailleurs subissent un bruit excessif au travail et une autre enquête donne 21,3 % soit 13,5 millions de salariés qui présentent un déficit auditif.

– Les maladies non professionnelles constituent 23 % des sourds.

– Déficience auditive liée à l’âge : On considère que 1 senior sur 3 est touché par un problème d’audition.

Ainsi, on observe que les personnes âgées sont beaucoup plus soumises aux risques des problèmes d’audition (INRIA, 2013)image tpe répartition

On assiste au fait que la plupart des personnes sourdes sont des « seniors » qui sont devenues malentendantes au cours de leur vie. En effet, la surdité vient généralement avec l’âge et 68% de la population sourde a plus de 60 ans alors que les moins de 20 ans ne représentent que 4%.

Ainsi, beaucoup de personnes sont atteintes d’une déficience auditive, leur intégration et leur accompagnement sont donc primordiaux.

Tout d’abord, dans le milieu scolaire des infrastructures et des lois sont mises en place pour faciliter l’intégration. Les enfants et adolescents possédant des problèmes auditifs sont de plus en plus instruits dans un milieu scolaire dit « normal ». Une loi décidée le 11 février 2005 va dans ce sens, elle favorise l’ intégration des élèves en milieu scolaire pour qu’ils aient la même équité au niveau des droits, des chances et de la participation à la citoyenneté. Cette loi a permis l’intégration de 260 000 élèves déficients auditifs à la rentrée 2015. La scolarisation des enfants et des adolescents déficients auditifs a toujours été orientée vers un milieu scolaire ordinaire. Depuis 1978, ce principe prévoit la fréquentation de classes normales par des enfants sourds, bénéficiant par ailleurs d’un soutient spécialisé.

Le support que l’on apporte à ces enfants est très complet, en effet l’enfant dispose d’une rééducation orthophonique régulière en dehors des heures de classe et d’une heure de soutien quotidienne. Pour suivre les activités scolaires destinées aux entendants, les enfants sourds doivent fournir un effort considérable et être aidés par une équipe pluridisciplinaire. Cette formule est extrêmement positive, mais seuls les enfants sourds ayant un niveau de langage oral et une compréhension confortable du français peuvent en profiter. Les autres seront davantage orientés vers des instituts pour sourds dans lesquels la langue gestuelle autrement dit la langue des signes est utilisée.

De plus, les élèves sourds accédant à l’enseignement secondaire sont de plus en plus nombreux au fil des années. Les acquisitions de connaissances des enfants sourds étant parfois plus lentes, une tolérance de retard est admise sur le plan de l’âge et ils bénéficient lors des examens d’un temps supplémentaire de composition. Cependant, l’accès au bac ne concerne encore qu’une minorité d’entre eux. L’entrée d’une personne sourde dans une université paraissait autrefois impensable, mais certains montrent maintenant que l’université est possible malgré leur handicap. Toutefois, cette personne doit posséder une très forte motivation personnelle pour entreprendre ce genre d’étude, l’effort fourni et la capacité de travail à engager sont largement supérieurs à ceux de ses camarades non handicapés.

Les nombreux moyens mis en place comme un soutien spécialisé, des orthophonistes, des auxiliaires de vie scolaire, … et des classes aménagées pour les enfants sourds ont finalement permis une meilleure intégration. Mais il faut également rappeler que la grande majorité des enfants sourds qui sont scolarisés ont besoin d’appareils auditifs pour comprendre les cours, donc leur efficacité est un enjeu pour un même seuil d’égalité entre entendants et sourds.

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Image d’une classe bilingue à Rennes

On observe un enseignant spécialisé qui donne un cours à ses élèves par langage des signes. Néanmoins, ces classes et ces instituteurs restent rares car l’enseignement de ce langage gestuel fut banni pendant près d’un siècle des années 1880 aux années 1980. Mais toutes les actions d’intégration qui se créent depuis plusieurs années ont permis à un certain nombre de personnes sourdes de suivre un cursus scolaire satisfaisant.

Et après être sorti du milieu scolaire, les sourds découvrent un milieu professionnel semé d’embûches.

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Dessin humoristique concernant l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap

Comme pour toutes les personnes en situation de handicap, les individus soumis à une déficience auditive sont beaucoup plus soumis au risque de chômage.

 

 

 

 

 

Il est vrai que nombreux obstacles se dressent sur la route de la professionnalisation des personnes déficientes auditives. En effet, contrairement aux entendants, les sourds sont coupés des espaces sonores où les informations défilent et sont retenues par les personnes sans aucun problème auditif. Notre culture et nos vies tournent autour de l’audition, la musique, la radio, la télévision, tous ces moyens de communication font tous appel à nos oreilles. Les personnes sourdes sont ainsi privées d’une grande richesse culturelle et elles souffrent d’un manque de connaissances dans tous ces domaines.

Aujourd’hui, les employeurs réclament chez leurs salariés des connaissances certaines et une bonne communication pour réussir à travailler dans de bonnes conditions. De nombreux métiers sont basés sur de l’information rapide et donc ceux ci sont inenvisageables pour les déficients auditifs. Par exemple, journalistes, animateurs sont des métiers irréalisables pour eux. De plus, 70 % des personnes sourdes souffrent d’illettrisme, ce qui est un critère essentiel dans le recrutement de nouveaux employés. Les employeurs ont donc peur de la difficulté à comprendre et se faire comprendre par les sourds et donc ils refusent leur candidature dans la plupart des cas. Les entreprises qui embauchent le plus de jeunes déficients auditifs sont donc principalement les métiers manuels et les emplois de bureau car le travail nécessite peu de communication et est répétitif donc une fois que la formation est assimilée, la personne sourde peut travailler (quasiment) normalement.

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Néanmoins, ces démarches sont souvent rudes car emprises à des stéréotypes de la part des employeurs, qui pensent le rendement d’une personne déficiente auditive mauvais. L’accompagnement s’avère donc nécessaire pour y parvenir, plusieurs intervenants vont dans ce sens :

– la région qui crée des infrastructures comme pour Rhône Alpes qui a mis en place le pôle Emploi-Formation pour favoriser les embauches des déficients auditifs.

– l’ État a instauré une loi le 10 juillet 1987 qui oblige les employeurs de plus de 20 personnes à embaucher au moins 6 % de personnes en situation de handicap. Néanmoins, seule la moitié des établissements soumis à cette obligation a atteint les 4% d’emploi de travailleurs handicapés.

– De nombreuses associations ont été fondées pour assister les sourds dans leurs démarches professionnelles mais également en proposant des loisirs :

– Il y a par exemple l’AFIDEO, l’acronyme de association françaiseimage tpe asso afideo pour l’information et la défense des sourds s’exprimant oralement qui promeut le travail des sourds en entreprise.

tpe mouvements sourds– Également le mouvement des sourds de France qui est une
association nationale qui lutte pour l’accession à une véritable citoyenneté des personnes sourdes et malentendantes.

Des associations pour les loisirs ont pareillement été créées comme l’Aéro – Club des sourds de France. Celle-ci crée et développe des écoles pour les activités aéronautiques, rend plus accessible les activités aéronautiques pour les sourds et malentendants et enfin se bat pour développer les droits des sourds à exercer un métier dans ce domaine.

Dans tous les cas, la réussite professionnelle est meilleure quand le sujet a des diplômes ouvrant des accès à des postes plus qualifiés. Enfin, dans certains cas, cette déficience auditive provoque une exclusion qui peut conduire jusqu’à l’isolement dans la communauté des sourds, appelée la « culture sourde ». C’est à dire que les personnes sourdes se regroupent et forment leur propre communauté avec leurs propre culture. Celle ci est découpée en deux catégories, ceux qui parviennent à parler, et ceux qui communiquent avec le langage des signes. Finalement, les Sourds ne se considèrent pas comme des personnes en situation de handicap, mais comme des membres d’une communauté ayant leur propre culture avec une langue propre, des valeurs, des règles et enfin une identité.

 Cette vidéo évoque toute la chronologie de l’histoire sourde et différents événements en lien avec les sourds ou malentendants.

Mais il ne faut pas perdre à l’esprit que la communication est la base de tout travail, et pour y parvenir, plusieurs solutions se donnent à l’individu atteint d’une déficience auditive.

Tout d’abord, la personne ayant un handicap auditif peut communiquer en utilisant deux techniques :la lecture labiale (lecture sur les lèvres), appelé « oralisme » et le langage des signes.

– La lecture labiale, c’est à dire tenter de communiquer en parlant et en lisant sur les lèvres mais ce moyen peut être très difficile si la personne déficiente auditive n’a jamais entendu le moindre son.
– L’approche gestuelle, cette façon de parler nécessite un apprentissage de la part du sourd et de son entourage. On considère que 80 000 personnes pratiquent cette langue à part entière en France.

Cette vidéo permet de connaître les rudiments de la langue des signes

Enfin, comme dit plusieurs fois auparavant, l’appareillage peut aider à s’intégrer et découvrir les sons qui rythment le monde. Mais cet équipement obtient des résultats très variables, tout dépend du type de surdité chez la personne sourde et des réussites des équipements auditifs. Une surdité de naissance est très difficile à résoudre avec notre technologie d’aujourd’hui. De plus, les appareils auditifs ne permettent pas de recouvrer complètement l’usage de l’ouïe. Ces appareils sont particulièrement efficaces pour les personnes seulement malentendantes notamment chez les personnes âgées. En effet, l’ouïe se dégrade avec le temps et l’appareillage permet une conservation de la faculté auditive partielle. Celle-ci leur permet de ne pas se couper de la communication.

Les appareils auditifs possèdent également de nombreuses contraintes :

– Ils sont chers et nécessitent un entretien régulier lui aussi coûteux.

– Malgré la miniaturisation de ces appareils, ils restent très apparents et peuvent se trouver gênants pour la personne qui les portent.

– Chaque surdité a des origines propres et donc un appareil qui doit être adapté à l’oreille du patient. Les appareils sont encore plus coûteux pour les déficients profonds et ne permettent parfois pas de recouvrir totalement l’usage de l’ouïe.

Ainsi, les performances des appareils auditifs constituent un enjeu pour l’intégration des personnes sourdes et il faut effectuer des recherches car ce domaine médical et technologique se perfectionne de jour en jour.

Partie III : L’intégration des personnes sourdes dans la société

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